Un nombre croissant de SDF se réfugie aux abords du périphérique de Paris, un lieu sordide mais plus sûr pour les sans-abri.

L'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion vient de rendre public son quatrième rapport. Le tableau qu'il dresse de la société française est alarmant : envolée du nombre de bénéficiaires des minimas sociaux et des RMIstes, et "grande précarité d'une large partie de la population, pour qui le moindre incident peut signifier un basculement dans une situation de pauvreté". Selon le seuil de revenu retenu par l'Union européenne (774 € par mois*), il y a plus de 7 millions de pauvres chez nous. Pour le photographe Jean-Manuel Simoes, qui arpente depuis trois ans le périphérique parisien, cette aggravation de la misère est flagrante.
En 2003, les SDF y étaient rares. "Aujourd'hui, il y en a partout", à toutes les portes, aux échangeurs, sous les ponts, dans des caravanes pour les mieux lotis, des cabanes de fortune ou des tentes qu'ils plantent sur les pelouses. Axe routier le plus fréquenté d'Europe (1 million de véhicules par jour !) et milieu hostile pour le piéton s'il en est, le périph constitue paradoxalement une protection pour les SDF. Comme cet homme débusqué à l'abri derrière un muret, ils risquent moins d'y être agressés qu'en pleine rue et échappent à l'indifférence ou au regard blessant des autres.

Luc Desbenoit pour Télérama (15/03/06).

* Selon les chiffres de l'année 2003