Vivre à crédit pour doper la consommation

Mercredi, 28 Décembre 2005 06:26
Imprimer
Nicole Perez, présidente de la commission finance de l'UFC-Que Choisir, émet des réserves sur le projet gouvernemental de créer des crédits hypothécaires rechargeables…

Que pensez-vous du "crédit hypothécaire rechargeable" proposé par le gouvernement pour relancer la consommation ?
L'idée n'est pas inintéressante et nous n'y sommes pas opposés. Mais elle est encore peu claire. Le gouvernement va devoir répondre à beaucoup de questions à propos de ce projet avant que l'on puisse vraiment se prononcer. Cela dit, il me semble que c'est un moyen artificiel qui ne génèrera pas la relance attendue. Ce n'est pas avec un tel crédit que les gens vont voir leurs revenus augmenter.

Quelles pourraient être ses conséquences en terme de surendettement ?
Il serait intéressant d'ouvrir un débat au Parlement sur cette proposition, car elle ne fait pas l'unanimité chez les experts de la consommation. Beaucoup y voient un risque pour la santé financière des emprunteurs, qui vont souscrire un prêt pour acheter des produits bien moins importants que le bien hypothéqué. C'est complétement disproportionné. Quant aux personnes âgés, leur offrir un complément de revenu est une très bonne chose. Mais là encore, le prix des démarches nous fait peur. Combien les frais de transaction vont-ils coûter ? Comment seront-ils assurés, à quel prix ? Comment l'estimation des biens immobiliers va-t-elle se dérouler ? Qui en sera chargé ? A quel tarif ? Tout cela risque d'être très cher et d'accentuer les risques de surendettement.

Quelles mesures d'accompagnement faudrait-il prendre ?
Il faudrait que la publicité faite autour de ce nouveau crédit évite le racolage, comme celles qu'on voit partout aujourd'hui. Elles devront être transparentes, pour que les gens soient correctement informés. Mais cette information passe également par les conseils que fourniront les industries prêteuses aux usagers et par le suivi qu'elles offriront. Elles doivent éviter aux personnes de souscrire aveuglément. Si le projet n'est pas, comme nous le souhaitons, débattu au Parlement, il faudra au moins faire en sorte que les bases en soient clairement définies, pour éviter des désastres.

(Source : L'Express)

Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Mercredi, 28 Décembre 2005 06:26 )