Emploi des jeunes : 700 millions d’€ pour le patronat

Lundi, 27 Avril 2009 23:11
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En visite dans le Val-d’Oise, Nicolas Sarkozy a dévoilé son plan : une enveloppe de 1,3 milliard d’euros dont la majeure partie est réservée aux entreprises.

Visite au pas de charge du centre de formation de Veolia Environnement à Jouy-le-Moutier (Val-d’Oise) conclue par un discours plus court qu’à l’ordinaire, les apprentis et l’encadrement du site, tassés dans l’auditorium, n’auront eu droit qu’au service minimum présidentiel. Guère plus audacieux sur le fond, si le chef de l’État a bien promis une enveloppe de 1,3 milliard d’euros pour 2009-2010, le détail des aides fait apparaître que la majeure partie (700 millions d’euros) ira directement dans la poche des entreprises au gré d’embauches sous contrats précaires.

Aucun dispositif nouveau

Le «plan d’urgence», concocté entre autres par Martin Hirsch, qui promettait jeudi un «plan original», n’ouvre dans les faits aucun dispositif nouveau et se contente pour l’essentiel de défiscaliser les entreprises ou de créer de nouvelles primes à l’embauche. Ainsi, outre les aides en faveur des contrats d’initiative emploi (CIE), le gouvernement donnera aux entreprises 2.000 € pour chaque recrutement en contrat de professionnalisation d’un jeune de moins de 26 ans n’ayant pas le niveau bac ; 3.000 € par embauche sous CDI d’un stagiaire ; ou encore 1.800 € par contrat d’apprentissage signé dans les entreprises de moins de 50 salariés. Dans ce dernier cas, le dispositif prévoit une exonération totale des charges qui, cumulée à la prime, se solde par un coût zéro pour l’entreprise, soit du travail gratuit.

«Approuvé sans réserve» par la présidente du MEDEF Laurence Parisot, le plan sera financé pour l’essentiel via le fonds d’investissement social crée en février dernier dans un tout autre esprit.

L'assistanat… pour les patrons

Mais qu’importe pour l’hôte de l’Élysée qui se dit en «rupture» avec ses prédécesseurs : «Trop longtemps on a investi dans l’assistanat, on va investir dans le travail et la formation. (…) J’ai été élu sur la revalorisation du travail, tous ceux qui par leurs efforts obtiendront une formation ou un emploi, on les aidera.» Malheur à ceux qui ne trouveront ni l’un ni l’autre... Une situation loin d’être marginale lorsque l’on sait que l’explosion du chômage ces derniers mois trouve dans cette tranche d’âge ses premières victimes et que, de l’aveu même du chef de l’État, «si l’on ne fait rien, ce sont entre 170.000 et 220.000 jeunes de plus qui pourraient se retrouver au chômage d’ici fin 2010».

Mais, justement, Nicolas Sarkozy ne fait pas «rien». Au fond, il utilise la crise pour expérimenter jusqu’à sa limite la précarité comme source de profit supplémentaire. Une limite que le chef de l’État devine puisqu’il a également annoncé la création de 30.000 emplois, financés à 90% par l’État, dans le «secteur non marchand». L’équivalent des emplois jeunes promus par la gauche en 1997 et jusqu’ici honnis par le pouvoir. Trente mille emplois précaires créés dans la fonction publique territoriale pour 30.000 postes de titulaires supprimés dans le même temps dans la fonction publique d’État. L’équation parfaite de la précarisation en marche.

Effet d’aubaine pour les entreprises

La formation se verra, quant à elle, dotée pour la période d’un crédit supplémentaire de 356 millions d’euros (contrat formation et «école de la deuxième chance»).

Au final, l’ambition affichée est de faire bénéficier 517.000 jeunes de 16 à 26 ans du 1,285 milliard d’euros du plan. À une condition, celle que la droite se plaît à risquer à chaque occasion : que les entreprises jouent le jeu sans profiter de l’effet d’aubaine que leur offrent ces mesures. «Je demande aux branches d’entreprises de faire preuve d’exemplarité. Je pense en particulier aux plus grandes d’entre elles. (…) C’est pourquoi je confie à Henri Proglio (PDG de Veolia - NDLR) une mission de mobilisation (…) des grandes entreprises», a insisté Nicolas Sarkozy. Aider les entreprises sans aucune garantie de contreparties en termes d’emploi : un scénario aussi vieux que le ballet complice de la droite et du MEDEF.

Frédéric Durand pour L'Humanité

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