Emploi salarié : une «vigueur» mensongère

Vendredi, 15 Février 2008 18:16
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Selon les chiffres provisoires de l'INSEE diffusés aujourd'hui par le ministère de l'Emploi (les résultats définitifs seront publiés le 21 mars, ce qui ne changera pas grand chose…), l'emploi dans le secteur concurrentiel aurait progressé de 1,9% en 2007, dépassant les 16 millions de salariés.

Soit 298.000 "créations nettes" contre 230.000 en 2006. D'ailleurs, la ministre de l'Economie et de l'Emploi Christine Lagarde, championne de la méthode Coué qu'on a déjà vu à l'œuvre au sujet de notre taux de croissance, n'a pas manqué, une fois de plus, de se réjouir de «la vigueur remarquable des créations d'emplois en 2007», saluant «un rythme inédit depuis l'an 2000» qui «conforte son analyse selon laquelle les fondamentaux de notre économie restent bien orientés». Et ce, bien que les économistes tablent sur un ralentissement en 2008.

Mais de quels emplois s'agit-il ?

Il faut savoir que ces statistiques sont une auberge espagnole qui englobe TOUS les types d'emplois, qu'ils soient à mi-temps ou à temps plein, temporaires, saisonniers, à durée déterminée ou durables. Et dans le détail, la "création d'emplois" en intérim a progressé, elle, de 5,8%... Quand on sait que la durée moyenne d'une mission est de 2 semaines, comment peut-on englober ces soi-disant "emplois" dans les statistiques globales ? Même chose pour les CDD de moins d'un mois, ou les emplois de service à 2 heures par semaine ? D'ailleurs, en étudiant de près les 3,7 millions d'offres que l'ANPE a publiées en 2007, on s'aperçoit que seulement une sur 3 proposait un CDI et que les contrats d’1 à 6 mois furent tristement majoritaires. Certes, l'ANPE ne gère qu'un tiers des offres qui circulent en France : mais la photographie de notre marché du travail qu'elle divulgue n'en demeure pas moins exacte.

Comme pour les chiffres du chômage, il y a tromperie. La création d'emplois n'est envisagée que sous son aspect quantitatif, nettement plus présentable aux yeux de l'opinion. Si, en apparence, l'économie française a créé plus d'emplois qu'elle n'en a détruit, ce sont les emplois stables qui continuent de disparaître, tandis que leurs successeurs sont de plus en plus précaires et indignes.

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Mis à jour ( Vendredi, 15 Février 2008 18:16 )