L'Unedic occupée fait du chantage aux «allocations retardées»

Jeudi, 26 Avril 2007 18:25
Imprimer
C'est un classique : quand les gens se révoltent et passent à l'action, on tente de dénigrer le bien-fondé de leur lutte auprès de l'opinion publique. C'est la "stratégie du bouc émissaire" qui stigmatise les uns et attise les rancœurs des autres, afin que tout le monde se détourne des vrais problèmes de fond.

Quand des agents de la RATP ou de la SNCF font grève, ont dit qu'ils prennent les usagers "en otage" alors que, justement, ils défendent les intérêts de tous. Quand des intermittents et des chômeurs occupent le bâtiment de l'assurance chômage pendant deux jours, on dit aux autres chômeurs que ça va retarder le versement de leurs allocations...

Rappel des faits : depuis mardi 20h, une cinquantaine d'intermittents, de chômeurs et de précaires en colère se sont retranchés sur le toit de l'immeuble du 80 rue de Reuilly, dans le XIIe arrondissement de Paris. Cette dangereuse occupation a "obligé la direction à fermer mercredi matin, les accès au personnel et au public" tandis qu'un important dispositif de police a été déployé autour de l'édifice... Pour l'avoir pratiqué, nous pouvons imaginer que les policiers et CRS affectés à cette "mission de sécurité publique" sont dix fois plus nombreux que les manifestants eux-mêmes.
Rappelons que l'arrivée d'eau a été aussitôt coupée par la direction. "On est sans eau et sans vivres depuis 24 heures", a dénoncé l'un des occupants.

"Cette occupation commence à porter préjudice au versement des allocations de chômage journalières", a dit la porte-parole de l'Unedic dont la fermeture a été prolongée aujourd'hui. "Tous les jours, il y a des paiements qui sont réalisés dans ce bâtiment pour les situations d'attente. Ce n'est certes pas la grande majorité, les chômeurs étant indemnisés en fin de mois", a-t-elle précisé. "Mais on est dans une situation qui ne peut pas continuer et doit trouver une issue raisonnable avant la fin du mois. Il va falloir que les occupants sortent !"

C'est dit : alors que le règlement des allocations est automatisé depuis belle lurette, pour quelques cas particuliers, on va distiller dans l'esprit collectif que tous les demandeurs d'emploi seront pénalisés à cause d'une poignée de vilains militants ! Pourtant, ils n'étaient aussi qu'une poignée en 2004 à avoir osé porter plainte auprès des tribunaux contre le recalcul de leurs droits, ayant ainsi permis la réintégration de plus d'un million de chômeurs lésés qui n'ont, eux, pas levé le petit doigt.

Ces intermittents & précaires s'étaient, selon la porte-parole de l'Unedic, engagés hier à quitter les lieux après une rencontre de près de trois heures avec le directeur général Jean-Pierre Revoil. Mais ce matin, ils se sont dits déterminés à rester sur le toit jusqu'à l'obtention "de réponses à toutes les revendications". Ils ont lancé un appel "aux personnalités" à les soutenir et à venir manifester devant l'immeuble ce soir à 17H, où une centaine d'intermittents se trouvent déjà. Nous saluons leur courage et leur détermination.

=> L'UNEDIC vient d'être évacuée manu militari : lire en commentaire.

Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Mardi, 14 Septembre 2010 16:25 )