Les barrières à l'emploi des femmes

Mercredi, 15 Mars 2006 20:00
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La philosophe et sociologue Dominique Méda a réalisé une étude, publiée aujourd'hui par le Centre d'Études de l'Emploi, où elle pointe les insuffisances sociétales qui écartent les femmes du marché du travail.

C'est une évidence qu'il faut marteler : le renforcement du taux d'emploi des femmes, largement inférieur à celui des hommes, passe par un meilleur service public d'accueil de la petite enfance et par la réforme du congé parental. Il induit également que les pères soient davantage impliqués dans la prise en charge de leurs enfants. Mais dans un contexte de chômage de masse et de sous-emploi institutionnalisé, ce discours ne pèse pas lourd... et c'est regrettable.

Dominique Méda plaide pour "un véritable service public de la petite enfance", car le nombre des modes d'accueil reste "largement insuffisant en France". Elle dénonce certains "dispositifs désincitatifs à l'activité des femmes" : notamment, l'Allocation parentale d'éducation (APE), devenue complément de libre choix d'activité en 2004 et qui "apparaît comme l'une des formes les plus anti-économiques de partage du travail", puisqu'elle a fait reculer le taux d'activité des mères de deux enfants de 70 à 55% à partir de 1995.
Dominique Méda propose aussi de "reformater les congés parentaux" en limitant l'arrêt total d'activité à huit mois, à utiliser "immédiatement après le congé de maternité" : ce congé, qui serait rémunéré à 80% du salaire antérieur, devrait être partagé entre le père et la mère afin d'inciter ce dernier à s'investir réellement dans la prise en charge de ses enfants.

Tandis que d'autres statistiques complètent le triste tableau de l'inégalité salariale (20% d'écart en moyenne) et de la précarité qu'on réserve aux femmes, nous saluons la pertinence de ces propositions. Car elles nous rappellent que nous évoluons dans un climat où il est question d'évincer un maximum d'actifs pour mieux masquer les chiffres du chômage : des jeunes qu'on fait rentrer le plus tard possible sur le marché du travail, des "seniors" qu'on met de plus en plus tôt à la retraite, et des femmes qu'on cloître à la maison. Il se trouve que pour celles-ci, les notions d'indépendance et d'égalité sont particulièrement cruciales, et la pénurie d'emplois actuellement entretenue est un véritable bon en arrière.

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Mis à jour ( Mercredi, 15 Mars 2006 20:00 )