Des multiples intégrismes inventés par l’homme, l’intégrisme économique est, selon lui, le pire de tous. D’abord, il nous annonce que nous sommes dans une impasse inquiétante : l’humanité doit affronter d’urgence l’explosion de ses effectifs. Autrefois stable (300 millions), le processus s’est emballé au XIXème siècle où nous avons dépassé le milliard, et à ce rythme, nous serons plus de 10 milliards à occuper la planète au cours du XXIème siècle !!!
Combien la Terre peut-elle supporter d’humains ayant les habitudes de consommation des citadins occidentaux d’aujourd’hui ? Comment enrayer cette hémorragie démographique et vivre ensemble dans les meilleures conditions possibles - éducation, partage - si les plus riches continuent à pratiquer une politique d’égoïsme suicidaire ? Car cette explosion démographique a vu aussi l’explosion des pouvoirs des hommes, et des inégalités. Les progrès scientifiques & techniques nous ont donné beaucoup trop d’assurance, et complètement aveuglés. Soumettre la nature est une folie. Soumettre la grande majorité de nos propres congénères (20% de la population mondiale consomme 80% des richesses disponibles) est une grave erreur.
C’est là qu’intervient le grand leurre économique.
Le capitalisme, prétendu seul mode de fonctionnement valable, nous est globalement imposé comme une fatalité. Nous sommes dirigés par les multinationales : les stratégies qu’elles développent ont des conséquences pour des centaines de milliers d’individus. Dans une société conduite par la compétition et la domination, on a d’abord exploité les travailleurs, puis la machine les a exclus. financial problem Et en remède au chômage on nous propose la croissance, qui est un mensonge éhonté!
Dans l’ombre des puissants, ces concepts sont manipulés par des économistes. Les décisions les plus importantes pour l’ensemble des humains sont prises par quelques personnages appartenant à une collectivité très réduite, détentrice d’un pouvoir partagé par consentement mutuel. “Ils sont, comme chacun, victimes de quelques résidus d’infantilisme leur faisant désirer la fortune et la gloire... Dans tous leurs raisonnements, il n’est question que d’argent, jamais d’êtres vivants.”
Pourtant, la richesse, c’est les autres, et plus exactement la possibilité d’échanger avec les autres.
Quel est donc le prix du bonheur ?
Albert Jacquard nous prète son regard sur cette grande manipulation qui a de graves conséquences dans nos vies de tous les jours : rendement, réussite, propriété, logement, travail, salaire, chômage, exclusion, pollution, guerre... ou comment nous obéissont à une logique du fou, en adhésion collective à des raisonnements fautifs qui n’aboutissent qu’à l’échec final de tous.
Bouillonnant et limpide.
Sophie HANCART
Albert JACQUARD, J'accuse l'économie triomphante - Calmann Lévy/Le Livre de Poche (1995) - 4 €
