Rémunération des patrons : Une violence illégitime

Mardi, 07 Juin 2016 17:53
Imprimer

Je souhaite vous soumettre une pétition que je viens de lancer sur le site "Change.org".

altBonjour à toutes et à tous,

De nombreux médias ont relaté, à juste titre, les violences commises par de jeunes casseurs à l'occasion des manifestations contre la loi "Travail" et contre l'abus d'autorité du Gouvernement par l'usage de l'article 49-3 de la Constitution pour imposer par la force l'oppression des salariés.

Je regrette qu'ils aient oublié de présenter et d'expliquer les raisons profondes de ces manifestations pacifiques de salariés et citoyens.

Je voudrais dénoncer une autre forme de violence : la violence économique qui se traduit notamment par une échelle des salaires qui va au moins de 1 à 1.122 (réf. : Laurent Jeanneau et Louis Maurin, "Les salaires démesurés des grands patrons", dans Alternatives économiques, n° 357, mai 2016, p. 16-17).

En 2014, Carlos Ghosn, patron de Renault-Nissan, a gagné 15.200.000 €, soit 1.122 Smics annuels. Quels que soient le génie, les compétences, le niveau de responsabilité, le temps de travail de cet homme, cette rémunération astronomique est tout à fait illégitime. Elle est d'une grande violence symbolique non seulement pour les ouvriers de la société Renault mais aussi pour l'ensemble des salariés, actifs et chômeurs.

Un niveau de rémunération si élevé nuit gravement à l'intérêt général. Une telle échelle de salaires, qui va même au-delà du rapport de 1 à 1.122 si nous prenons en compte les salariés à temps partiel subi ou les chômeurs non indemnisés réduits à survivre avec le revenu de solidarité active (RSA), donne l'impression que des patrons, vus comme des sur-hommes, peuvent opprimer des sous-hommes asservis et corvéables à merci.

Ce niveau insupportable d'inégalités mine la cohésion, encourage l'oppression, favorise l'exclusion sociale par les licenciements qu'il entraîne. Il est insoutenable sur le plan environnemental : l'extension de ce modèle de rémunération à l'ensemble des salariés est incompatible avec les ressources limitées de notre planète.

Cet état de fait est inacceptable dans une société démocratique qui se veut égalitaire et fraternelle. C'est pourquoi, je demande la réduction de l'échelle des salaires de 1 à 3 dans le secteur privé comme dans le secteur public par la Loi. M. Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, juge que le moyen législatif et l'échelle nationale sont inadaptés pour obtenir la réduction de l'échelle des salaires. Je constate que le MEDEF s'accommode très bien de ces inégalités de revenus qui sapent la cohésion sociale. La Loi est donc bien requise pour défendre l'intérêt général.

De plus, ce n'est pas parce que d'autres pays pratiquent l'esclavage moderne ou la torture que la France doit les imiter. La France use bien de sa souveraineté pour interdire et condamner ces pratiques sur son territoire. Elle peut donc le faire aussi pour limiter l'échelle des salaires.

Certains craindront une fuite des cerveaux patronaux à l'étranger. Oui, certains d'entre eux partiront. Est-ce que la 5e ou 6e économie au monde sera ébranlée pour autant ? Y a-t-il moins d'intelligence collective avec des milliers de salariés parfois que dans la tête d'un seul homme ?

J'ai bien conscience de la modestie de ma proposition de limitation de l'échelle des salaires de 1 à 3. Je souhaite qu'elle soit un levier parmi d'autres pour passer de manière non-violente d'un régime d'oppression à une société démocratique libre, égalitaire et fraternelle.

Fraternellement,

Thierry PLOUZENNEC

La pétition sur Change.org


Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Lundi, 27 Février 2017 15:40 )