Et l'accord sur l'emploi ?

Samedi, 06 Avril 2013 10:44
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L'affaire Cahuzac, quoique révélatrice d'un système à bout de souffle, est l'écran de fumée idéal pour masquer le débat parlementaire qui se déroule en ce moment autour de la retranscription dans la loi de l'accord Medef/CFDT du 11 janvier.

C'est la pire "réforme (comprenez régression) du marché du travail" jamais envisagée depuis 70 ans. Et c'est un gouvernement "socialiste" qui est en train de la voter ! Or, les turpitudes de l'un de ses membres tombent à pic pour éluder du paf un sujet qui va pourtant concerner des millions de salariés dans les mois à venir.

Depuis mardi, les députés se penchent sur ce texte élaboré par le patronat et approuvé par des syndicats collabos. Qui en parle ? Qui, hormis quelques rares titres comme L'Humanité, relate avec précision l'évolution des discussions dans l'Hémicycle ? Personne.

Par contre, qui n'a pas été ému par la réaction de Gérard Filoche, l'autre soir sur LCI ? Il était invité pour en parler… et qu'advint-il ? L'affaire Cahuzac ! Au lieu d'exposer les dessous d'un projet dangereux, si superficiellement évoqué par les médias traditionnels, notre inspecteur du travail préféré, véritable socialiste et homme de gauche qui, même retraité, continue de se battre pour nos droits, a gaspillé les précieuses minutes qui lui étaient accordées en s'indignant sur le mensonge de ce voyou arrogant, cet imposteur, ce social-traître dont Le Monde a dévoilé les amitiés avec des affairistes d'extrême droite.

Nombre de nos lecteurs le pensent : Mais pourquoi ce bon Gérard Filoche reste-t-il au PS ? Ne pourrait-il pas — puisque ses propositions sont exactement les mêmes que celles du Front de Gauche et à mille lieues de ce que son cher parti est en train de faire — quitter cette "gauche caviar" dévolue au Dieu marché, ce clan d'usurpateurs argentés, comme osa le faire Jean-Luc Mélenchon en 2008 ? Mais le problème n'est pas là...

Oui, un débat sur l'évasion et la fraude fiscales est plus que nécessaire. Car, faut-il le redire, nous ne souffrons pas d'une "crise de la dette" mais d'une crise des recettes, et ce depuis la contre-révolution fiscale opérée dans les années 90 où, dans la foulée du virage ultralibéral des années 80, sa dérégulation financière et son There is no alternative, il fut décidé de réduire les impôts des plus riches et multiplier leurs possibilités d’"optimisation" en toute légalité.

Toujours et plus que jamais au cœur du problème : le partage des richesses, devenu si inéquitable qu'on frôle l'explosion. Et oui, de surcroît notre démocratie dysfonctionne : les institutions monarchiques de la Ve République ont fait leur temps, il est urgent d'en changer. Oui, tout cela mérite d'être mis sur la table !

Mais l'ANI du 11 janvier aussi. C'est une "réforme" cruciale qui se prépare derrière notre dos.

Si, comme le disait le théoricien italien Antonio Gramsci, vous vous sentez capable d'allier "le pessimisme de l'intelligence" et "l'optimisme de la volonté", alors sortez vous joindre, ce mardi 9 avril dans toute la France puis le dimanche 5 mai à Paris, aux cortèges contre cet accord scélérat et à la marche citoyenne pour une VIe République.

SH

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Mis à jour ( Samedi, 06 Avril 2013 10:58 )