«La France devrait réduire sa moyenne salariale d'environ un tiers»

Vendredi, 25 Janvier 2013 18:10
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C'est ce qu'estime Huw Pill, le chief european economist de Goldman Sachs, la banque qui gouverne le monde, dans une interview au Huffington Post.

Voici ce qu'il dit à propos de la France :
«Il faudrait s’appuyer sur une baisse générale des salaires, afin de regagner de la compétitivité. On estime que la France devrait réduire sa moyenne salariale d’environ un tiers, ce qui est politiquement impossible à imposer…»

Et de conclure :
«Je pense que la France aura entrepris ces changements d’ici trois à cinq ans. Elle devrait donc prendre la bonne direction, qui rendra la zone euro plus puissante et plus résistante.»
Lire toute l'interview...

En décembre, Huw Pill avait déjà entrevu comme seule option une baisse de 50% des salaires en Grèce et au Portugal afin de contrebalancer la compétitivité économique allemande. Quant à l'Espagne, même punition que pour nous : -30%.

Le cynisme triomphant

Goldman Sachs est, derrière JPMorgan Chase, la banque d'investissement la plus détestée de Wall Street. Mais elle n'en a cure. Le personnage interprété par Jeremy Irons dans le film génial de JC Chandor “Margin Call” incarne sa mentalité : «On peut s'enrichir grâce à ce merdier !», dit-il, évoquant, presque amusé, toutes les crises auxquelles il a été confronté — 1974, 1987, 1992, 1997, 2000... «On s'en sortira», ajoute-t-il et, incroyable mais vrai : ils s'en sont sortis, puisqu'aucun d'entre eux n'est en prison et qu'ils continuent de toucher leurs bonus qui se chiffrent en millions de dollars. «Et les gens, les gens ordinaires ?» «Les gens ordinaires, ils sont foutus !» et c'est toujours eux qui, d'une manière ou d'une autre, payent pour les frasques de ces délinquants en col blanc.

La liste des scandales mouillant Goldman Sachs est déjà longue. Impliquée dans le maquillage des comptes de la Grèce ou la crise des subprimes (son implication dans le Krach de 1929 est également avérée), mastodonte de la spéculation et des risques exerçant son culte du profit au détriment de sa propre clientèle, sa culture d'entreprise a été qualifiée de toxique.

Pour tout savoir sur cette banque d'affaire, aussi tentaculaire que truffée de psychopathes, qui place ses pions dans les gouvernements (dont, en Europe, Mario Draghi à la tête de la BCE — l'homme déclarait il y a un an : «Le modèle social européen est mort» — ou Mario Monti à la tête de l'Italie, pour ne citer que les plus célèbres…), voir ce documentaire édifiant :



Après un léger passage à vide qui lui a permis de réduire la rémunération de ses salariés (-21%) au cours de l'année 2011 ainsi que ses effectifs (-2.400 postes), Goldman Sachs a renoué avec les profits : malgré la crise mondiale à laquelle elle a contribué, son bénéfice a plus que doublé en 2012, et même triplé au cours du seul quatrième trimestre. Du coup, les douze membres de son équipe dirigeante vont se partager plus de 102 millions $ de bonus en actions.

Sachant que la rémunération moyenne annuelle d'un employé de Goldman Sachs frôle 400.000 $ (soit 25.000 € par mois), comment Huw Pill, dont le salaire de base s'élève à 900.000 $ par an hors bonus, peut-il demander aux Français, dont le salaire net moyen stagne à 2.082 €/mois et la moitié gagne moins de 1.675 € net par mois, de renoncer à 30% de cet unique revenu ?

Comme ironise Politeeks, «mettre Goldman Sachs au goulag, ça urge !»
Et mettre Huw Pill au RSA pendant cinq ans, voilà un service à lui rendre.

SH


Moins payer ses salariés ne permet pas forcément de réduire ses coûts => démonstration...


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Mis à jour ( Jeudi, 14 Février 2013 17:00 )