Droits rechargeables pour les chômeurs : c'est du pipeau !

Mercredi, 23 Janvier 2013 01:45
Imprimer
Jusqu'au bout, l'accord sur contre l'emploi signé le 11 janvier 2013 par les «partenaires sociaux» est une totale esbroufe.

Comme nous le disions par ailleurs, le buzz — bien évidemment défavorable aux privés d'emploi — autour de la prochaine renégociation de la convention Unedic a déjà commencé. L'enjeu est de taille : il faut donc s'y prendre largement à l'avance pour convaincre l'opinion, surtout celle qui ne pense plus que les chômeurs sont des fainéants responsables de leur situation; et davantage encore ceux qui sont en passe de perdre leur boulot (ils sont nombreux en ce moment et seront directement concernés, les régressions étant programmées pour les nouveaux entrants. Mais quand on est salarié précipité dans l'abîme et déjà peu informé de ses droits, on ignore carrément tout du règlement de l'assurance chômage : c'est un autre monde).

La résignation doit être de mise face aux "réalités" : c'est ce qu'on appelle, dans notre société dite moderne, faire preuve de "pragmatisme". L'Expansion l'exprime fort bien, sonnant la fin de la récré — comme s'il y en avait eu une ! — car «la convention d'assurance chômage actuellement en vigueur a été négociée en 2008, avant la crise, dans une période où le chômage était en décrue. […] La situation financière de l'assurance chômage s'est fortement dégradée depuis le début de la crise […] le chômage est en hausse continue depuis 19 mois». Donc, il faut «revoir à la baisse les règles de l'indemnisation des chômeurs», THERE IS NO ALTERNATIVE.

Et c'est au cours de cette renégociation, qui sent le mercaptan à plein nez, que devront en décembre être discutés les droits rechargeables promis, partout vendus comme une «avancée» soi-disant arrachée au patronat par nos syndicats collabos (CFDT, CFTC et CFE-CGC), toujours prêts à signer n'importe quoi dans les bureaux du Medef dans l'espoir d'une éventuelle promotion...

En y regardant de plus près, nous savions que cette mesure — dont voici une description claire de La Tribune — devait être mise en œuvre en décembre 2013 par les "partenaires sociaux" de l'Unedic. Sauf que, plus on décortique ces "accords" où «sécurisation de l'emploi» désigne flexibilité, plus on découvre la supercherie.

Notre ami SLOVAR a interviewé Maurad Rabhi,
le négociateur de la CGT qui a refusé de signer cet accord scélérat. Et voici ce qu'il dit à propos du projet ô combien fumeux des droits rechargeables : «Les droits rechargeables pour les chômeurs devront être financés à coût constant par le budget de l’Unedic. Rien n’a été arrêté sur leur paramétrage. La prochaine convention d’assurance-chômage devra définir la durée des droits, le taux d’indemnisation et la période que l’on retient pour les calculer. Ce qui est sûr, c’est que le Medef propose en contrepartie, pour ne pas grever le déficit de l’Unedic, de remettre en place la dégressivité de l’allocation pour tous les demandeurs d’emploi ou alors de baisser le niveau des allocations de 10 à 15% pour tous. Enfin, autre proposition, c’est de diminuer la durée des droits pour tous. Autrement dit, cela signifie qu’on déshabille Paul pour habiller Jacques.»

Conclusion : cette soi-disant concession du patronat, si elle s'applique, sera cuisante. Salarié puis chômeur, chacun paiera son lourd tribut à une «crise» devenue permanente, et qu'il n'a nullement provoquée.

Question : les chômeurs se laisseront-ils faire ? (Les nouveaux, oui, car ils n'y entravent que pouic; mais les autres, ceux qui y sont depuis 2008, 2009, 2010… se mobiliseront-ils enfin ?)
Rendez-vous en décembre...

SH

Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Mercredi, 23 Janvier 2013 02:24 )