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Accueil Social, économie et politique Le comité national d'évaluation du RSA se réunit jeudi

Le comité national d'évaluation du RSA se réunit jeudi

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Toute la journée, au CNIT de la Défense, des institutionnels vont disserter sur son efficacité trois ans après sa création "tout en dégageant des propositions d'évolution du dispositif".

Pour voir son programme et ses participants => CLIQUEZ ICI

Que des belles personnes — des "grands témoins", dont Marc-Philippe Daubresse ou Martin Hirsch, qui ne s'imaginent pas ce que c'est que de vivre avec 400 € par mois — censées échanger durant deux heures avec "des bénéficiaires et la salle"...

Ce comité d'évaluation ne tombe pas du ciel : il est prévu par la loi RSA du 1er décembre 2008. C'est l'économiste François Bourguignon qui a été désigné pour le présider. Jeudi, il rendra sa copie. Pour la petite histoire, l'homme est directeur de l'École d'économie de Paris depuis 2007 après avoir été économiste-en-chef et premier vice-président de la Banque mondiale à Washington (pour laquelle il demeure conseiller spécial). Il fut également consultant pour les Nations Unies, l'OCDE et la Commission européenne.

A sa décharge, il estime que le RSA permet «d’alléger la pauvreté» mais pas «d’en sortir». En effet, grâce au RSA "activité", à quelques euros près, on peut mécaniquement faire sortir quelque 150.000 foyers du seuil de pauvreté (fixé en 2009 à 954 €/mois — plus du double du RSA "socle" — pour une personne seule : ainsi, la France comptait 8,2 millions de pauvres soit 13,5% de sa population) et claironner que la pauvreté recule. Sauf que ce n'est pas le cas, puisqu'elle continue d'augmenter depuis 2002 et que l'impact de la crise n'est pas encore mesuré, l'Insee publiant ses statistiques avec un décalage de deux ans.

Bilan et tables rondes

Les points de débat s'articuleront autour du peu de succès rencontré par le RSA "activité" (mais quand on scrute le questionnaire de demande, on comprend qu'il rebute, nombre d'ayants-droits préférant renoncer à quelques euros face à tant d'intrusivité…) ou de l'aspect restrictif du RSA "jeunes" (usine à gaz dont les modalités d'attribution n'ont pas été jugées discriminatoires par le Conseil d'Etat), qui devrait être allégé.

La complexité du dispositif en lui-même sera également abordée. Elle vient d'être dénoncée par les sociologues Dominique Méda et Bernard Gomel dans un rapport du CEE intitulé «Le RSA, innovation ou réforme technocratique ?» Malheureusement, le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale n'a pas jugé bon de les inviter. Tout comme des représentants des associations de chômeurs qui, sur le terrain, accompagnent des allocataires aux prises avec l'administration et dénoncent des contrôles, des pressions et des menaces de sanction ou de radiation bien supérieures à ce qu'il en était pour le RMI, le tout assorti d'un climat de culpabilisation sciemment entretenu => Lire leur communiqué en commentaire.

Dans l'après-midi, on s'interrogera sur l'accompagnement et l'insertion des bénéficiaires (actuellement, seuls 3% des allocataires du RSA "socle" connaissent une reprise d'emploi chaque mois, un taux équivalent à celui de feu le RMI, et pour des miettes de travail). Le vrai problème, c'est que l'emploi manque, et surtout l'emploi décent et durable. Sans cela, pas d'insertion, et impossible de sortir de l’"assistanat" : ce ne sont pas des CUI jetables de 20 heures par semaine, encore moins les mini-contrats de 7 heures proposés par l'UMP, coûteux pour le contribuable et sans avenir pour les RSAstes, qui changeront la donne. Quant à l'accompagnement, il n'est qu'un pansement sur une jambe de bois qui vire à l'inquisition.

Perspectives d'avenir ?

On se demandera aussi si la crise économique remet en cause le RSA ou justifie son renforcement. Or, c'est toujours la même rengaine : le RSA n'est qu'une béquille, non un remède. Soit on la renforce pour maintenir la paix sociale, soit on la rabote en s'exposant au pire. Quant à considérer les effets du RSA face à l'impact de la conjoncture macroéconomique, c'est résolument prendre le problème à l'envers : le RSA n'est une béquille au chômage de masse dont les causes sont verticales, et savamment orchestrées depuis plus de trente ans.

Enfin, on peut s'inquiéter de la présence d'un mystérieux invité. On note qu'à midi interviendra un certain Peter Haan, de l'Institut allemand pour la recherche économique, pour un "éclairage international"... Viendra-t-il vanter le "modèle allemand" et son plan Hartz qui dépasse l'imagination en matière de coercition et de flicage des pauvres ? Osera-t-il avouer que l'espérance de vie de ses concitoyens aux revenus les plus faibles a fortement chuté depuis dix ans, période où les réformes Schröder ont été mises en place ? Cette "parenthèse germanique" en pleine conférence nationale est tout sauf anodine et ne laisse rien présager de bon.

SH


DERNIÈRE MINUTE : Ce jeudi matin, une trentaine de militants d'un collectif d'associations de défense des chômeurs & précaires sont venus jouer les trouble-fête à l'Amphithéâtre Goethe du CNIT => Lire leur communiqué en commentaire.

Notre reportage :



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Mis à jour ( Vendredi, 16 Décembre 2011 01:16 )  

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