Amis Chômeurs, en 2012, ne vous laissez pas abuser !

Jeudi, 04 Août 2011 05:41
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Quand vous ferez votre choix, ne perdez pas de vue que le chaos dans lequel nous sombrons est bel et bien le résultat des politiques néolibérales mises en place depuis 30 ans.

Vous qui, poussés par l'exaspération, seriez tentés par un vote protestataire de type "bleu Marine", sinon l'abstention, ou alors prêts à vous contenter de l'offre politique classique, nous vous proposons un indispensable petit flashback... Car, nous l'affirmons, les graines du marasme actuel ont été semées dans les années 80.

C'est durant cette décennie que le capitalisme a entamé sa mue : il s'est dérégulé, financiarisé, mondialisé, et a opéré un virage 100% antisalarial. Ainsi, aux regrettées Trente Glorieuses ont succédé Trente Calamiteuses dont nous touchons le fond, sans savoir si on va en remonter.

En France, le Parti socialiste, alors au pouvoir, a équipé de pied en cap la libéralisation économique et financière : une erreur/trahison (au choix) qui a commencé à faire le lit du FN auprès d'un électorat essentiellement conservateur, mais aussi d'un électorat populaire, ce dernier se sentant de moins en moins représenté. Résultat : aujourd'hui, on estime volontiers que "la gauche ou la droite, c'est pareil"...

Or, à la fin des années 70, le Front national était un parti insignifiant. C'est dans le courant des années 80 qu'il s'est mis à progresser. Signalons qu'en Europe, lentement mais sûrement, la montée des droites extrêmes s'est amorcée à cette même période. Ceci n'a rien d'une coïncidence.

Pourquoi ? Parce que, depuis les années 80, les politiques néolibérales prônées par des intégristes — prophètes et disciples — comme Milton Friedman, Ronald Reagan et Margaret Thatcher, ont été adoptées dans l'aveuglement général et naturellement menées par la droite, mais aussi par des sociaux-démocrates.
En trois décennies, chez nous comme ailleurs, elles ont progressivement :

• détruit et dégradé l'emploi, instaurant sa précarisation jumelée à un chômage de masse et, par ricochet, l'insécurité sociale (baisse des salaires, destruction des acquis sociaux et de la protection sociale : chômage, maladie, retraite…);

• déséquilibré le partage de la valeur ajoutée, captant 10 points de notre PIB en faveur des profits, au détriment de l'emploi et de l'investissement;

• baissé les impôts des plus riches et des grandes entreprises, privant la collectivité de recettes par milliards et réduisant les marges de manœuvre des états poussés à l'endettement;

• creusé les inégalités et instauré une paupérisation croissante qui favorise la petite délinquance, donc "l’insécurité" tout court (tandis que la délinquance "en col blanc", favorisée elle aussi est, à l'inverse, peu combattue);

• instauré une mondialisation sauvage et, par ricochet, un dumping social qui met en concurrence tous les salariés de la planète;

• accentué le pillage des richesses des pays pauvres via les multinationales et les paradis fiscaux, souvent grâce à l'appui d'un dictateur (et après, on s'étonne de voir tous ces étrangers débarquer chez nous !);

• fait de nous des consommateurs individualistes, plus ou moins décérébrés et/ou pulsionnels.

Autre évidence qui nous saute aux yeux aujourd'hui : les deux mamelles du capitalisme financier étant le crédit et la spéculation, il produit des crises à répétition. Et à chaque crise, de plus en plus grave, les victimes de ce système, faute d'en connaître suffisamment les rouages, cherchent des responsables : succombant à la propagande éhontée de ceux qui le perpétuent (notamment à droite), elles s'en prennent aux boucs émissaires qu'on leur désigne.

En réponse à ce chaos généralisé où le tandem emploi/chômage, particulièrement malmené, occupe une place prépondérante en matière de cohésion/intégration sociale, les droites "néo-populistes" — en France, du FN en passant par la "Droite populaire" ou la "Droite sociale" de l'UMP — tirent leur épingle du jeu en surfant sur la "préférence nationale" (qui vise les immigrés) et le "mérite" (les chômeurs qui ne retrouvent pas de travail et profitent de "l'Etat-providence" sont aussi dans le collimateur).

De son côté, la sociale-démocrassie — qu'on appelle encore et à tort "la gauche" — se tait, puisqu'elle a sa part de responsabilité en ayant joué et en persistant à vouloir jouer dans la cour du libéralisme économique.

Quand le gâteau diminue (emploi, protection sociale, "pouvoir d'achat"…), les braves gens prennent peur, se replient sur eux-mêmes et se désolidarisent. Pendant qu'ils se tapent dessus, ils éludent le fait que partout et depuis 30 ans, le gâteau a sciemment et patiemment été rogné par le néolibéralisme triomphant, qui s'en est octroyé une bonne part. La cause de tous nos maux, le véritable ennemi à abattre, c'est lui.

Dans le Grand Barnum électoral qui se profile, à l'heure où la crise nous a pourtant montré les méfaits du néolibéralisme, ce n'est ni le FN, ni l'UMPS et leurs dérivés — en gros : l'offre politique qui s'étale de la gauche modérée à l'extrême droite — qui vont nous en débarrasser, bien au contraire : à plus ou moindre échelle, ces imposteurs sont les garants du système, soit parce qu'ils en profitent, soit parce qu'ils ne le remettent pas sérieusement en question et envisagent plutôt de continuer à s'en accommoder.

Nous n'avons aucun conseil, aucune consigne à vous donner : notre rôle, c'est de vous informer et contribuer à votre réflexion. En sept années d'existence, à Actuchomage, nous avons largement eu le temps de décrypter tous ces phénomènes qui ne datent pas d'hier et nous empoisonnent la vie. Ils sont le fruit d'un long processus dont nous avons tiré des conclusions. A vous de vous forger une opinion.

SH


Le pays des Souris...


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Mis à jour ( Vendredi, 27 Juillet 2012 07:10 )