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Accueil La revue de presse Riches et pauvres à l'aube de la crise

Riches et pauvres à l'aube de la crise

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Juan de Sarkofrance a scruté la dernière étude de l'Insee sur l'évolution du niveau de vie des Français de 1996 à 2008, et de leur patrimoine jusqu'en 2010.

[...] L'INSEE a livré sa dernière étude des revenus et patrimoines des ménages en France. C'est un support d'analyse précieux, tant l'information sur ces sujets fait souvent défaut.

On est d'abord frappé par les inégalités de revenus. On y lit également la confirmation de quelques constats évidents.

1. Les Français ne sont pas très riches. 50% d'entre eux gagnaient annuellement moins de 26.900 euros en 2000, et moins de 29.000 euros en 2008 (revenu disponible par ménage). La moyenne n'est pas non plus fameuse : 32.000 euros en 2000, 34.450 euros en 2008. Les progressions sont tristement modestes.

2. La France des très riches se porte bien. Plus on est riche, plus les revenus ont progressé depuis 2004 : les 0,1% les plus riches (i.e. qui bénéficient d'un niveau de vie supérieur à de 732.000 euros) ont connu la plus forte progression de revenus du pays depuis 2004 (+18,8%), et même sur la seule année 2008 (+2,6%). On applaudit ! Pour les 0,01% les plus riches, la progression a été encore plus importante : +3,3% en 2008 (versus 2007), et +32,6% par rapport à 2004.

3. Les très riches tirent près d'un tiers de leurs revenus de leur patrimoine. Les revenus du patrimoine représentent 12,5% des revenus moyens des ménages français. Mais pour les 10% plus riches, cette proportion est de… 29%. On mesure mieux l'importance politique et sociale de la récente réforme de la fiscalité du patrimoine promise par Nicolas Sarkozy d'ici la fin de l'année. L'ampleur du cadeau n'en est que plus choquante.

Dans leur document de défense publié à l'occasion du 4ème anniversaire du Monarque à l'Elysée, ses services de communication expliquent que «les principales mesures fiscales adoptées depuis quatre ans ont été ciblées sur les classes moyennes et populaires». Vraiment ? Le bilan de l'INSEE s'arrête, pour l'essentiel, aux années 2008 ou 2009. Pour preuve, les droits de succession «n'ont été conservés que pour les 5% des Français les plus fortunés», et l'imposition des plus riches ou des revenus du patrimoine a été augmenté à l'occasion de la réforme des retraites. On se souvient de l'effort : quelques centaines de millions d'euros. Jeudi, on apprenait d'ailleurs que 560 millions d'euros du bouclier fiscal avaient d'ores et déjà été remboursés en 2011.

4. La rente des 10% de Français les plus riches, c'est-à-dire leurs revenus du patrimoine, a progressé de… +11% par an en moyenne entre 2004 et 2008. Rien que ça !


Cette étude fournit aussi quelques indicateurs d'une précarité croissante depuis 10 ans, mais aussi depuis 2007 :

1. La pauvreté reste massive : en 2008, 13% de la population, soit 7,8 millions de personnes, vivaient avec moins de 949 euros par mois, et 7% avec moins de 791 euros par mois (soit 50% de la médiane). Sur ces 7,8 millions, quelque 2,3 millions sont des enfants (dont 776.000 de moins de 6 ans), et 1 million sont âgés de plus de 64 ans.

2. Les seniors sont sur-représentés dans les 5% des Français les plus riches… et dans les 50% les plus modestes : «Bien que moins fréquemment pauvres que la moyenne, les personnes âgées sont relativement plus nombreuses dans la moitié de population la plus modeste en termes de niveau de vie». La pauvreté progresse aussi avec l'âge.

3. La pauvreté est stable globalement, mais les très pauvres sont plus nombreux. L'INSEE rappelle qu’«entre 1970 et 1984, le taux de pauvreté décroît fortement, de l’ordre de 25%». Mais, après une période de stabilité jusqu'en 1996, la pauvreté est repartie à la baisse jusqu'en 2004, d'environ 800.000 personnes. Depuis, la pauvreté s'est stabilisée : «Le niveau de vie médian des personnes pauvres a augmenté plus vite que le seuil de pauvreté». En revanche, la part des «très pauvres» (i.e. vivant avec moins de 40% de la médiane) a cru de 2,5% en 2004 à 3,2% en 2008.

4. Plus d'une famille sur dix souffre de privations basiques. L'iNSEE relève que 12% des ménages sont soumis à «au moins 8 privations ou difficultés parmi un ensemble de 27 pris comme référence et sont ainsi considérés comme pauvres en conditions de vie». Ce niveau a baissé depuis 2004 (14,6%) ou 2007 (12,4%). Mais pas pour tout le monde : les familles ont davantage souffert. En 2009, 17,4% des couples avec au moins 3 enfants sont pauvres en conditions de vie, contre 15% en 2007.

5. Les chômeurs sont plus pauvres que les actifs. A celles et ceux qui, régulièrement, critiquent le niveau prétendument trop élevé des allocations, et notamment chômage, l'INSEE rappelle qu'en 2008, «le niveau de vie moyen d’un chômeur est ainsi inférieur de 34,8% à celui d’un actif occupé et de 27% à celui d’un inactif». Mais 9,5% des actifs ont quand même un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté.

6. Certaines prestations sociales sont forfaitaires et sans lien avec le niveau de revenus des bénéficiaires : cherchez l'erreur... Ainsi, le décile le plus riche des ménages français tire 0,4% de ses revenus d'allocations sociales. Au total, 41% des ménages perçoivent au moins une prestation sociale en 2008. Ces dernières représentent 35% des revenus des 10% des Français les moins riches. 7 millions de ménages touchent une prestation familiale, d’un montant moyen de 3.180 euros annuels.

7. Quelque 2,2 millions de ménages vivent avec les minima sociaux. Ils perçoivent, en 2008, au moins l'un des 4 minima sociaux, pour 4.700 euros par an en moyenne et par ménage (revenu minimum d’insertion, allocation de parent isolé, allocation aux adultes handicapés, minimum vieillesse ou allocation de solidarité aux personnes âgées). [...]

(Source : Sarkofrance)


Pour compléter : Voir cette vue d'ensemble sur les «Inégalités de niveau de vie et pauvreté de 1996 à 2008», plus simple à lire que la publication du site de l'Insee, et très instructive.

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Mis à jour ( Mardi, 30 Août 2011 15:59 )  

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