Sarkozy : 20 mensonges à l'heure !

Mercredi, 14 Juillet 2010 22:03
Imprimer
Lundi, la prestation télévisuelle du Président de la République fut un ramassis de contre-vérités qui n'ont pas échappé à Juan, du blog Sarkofrance, dont nous jugeons indispensable de relayer quelques extraits.

[...] Le nombre d'erreurs et de mensonges, incroyable pour une intervention télévisée soit-disant préparée depuis un mois, est stupéfiant.

Outre les réactions négatives, sauf à l'UMP et dans les colonnes du Figaro, certaines déclarations de Nicolas Sarkozy ont été rapidement démenties. Ainsi Pierre-Alain Muet, économiste et député socialiste du Rhône, a détecté 10 mensonges plus ou moins grossiers dans les propos présidentiels. D'autres démentis sont venus de toutes part.

Voici donc la liste des 20 mensonges de Nicolas Sarkozy.

1. «La France est le pays qui travaille le moins.» C'est faux : les salariés français travaillent plus en moyenne par semaine (36,5 heures en 2008) que les Allemands (34,6 heures), que les Scandinaves (34,5 heures au Danemark, 35,6 heures en Suède et 33,2 heures en Norvège), que les Néerlandais (30 heures) et même que les Américains (33,9 heures). Il faut aller en Europe de l’Est pour dépasser les 40 heures. Ces statistiques agrègent temps complet et temps partiel.

2. «Les pays qui ont le plus réduit le chômage sont ceux qui ont augmenté le temps de travail.» La réalité est … inverse : Pierre-Alain Muet rappelle que «les pays qui ont le plus réduit leur temps de travail sont ceux qui ont le taux de chômage le plus faible. Les Pays-Bas (4,3% en mai 2010) ; la Norvège (3,7%), l'Allemagne (7,5%), le Danemark (6%) alors que le taux de chômage harmonisé approche 10% en France».

3. «Les 35 heures ont détruit la compétitivité.» Faux : elle s'est améliorée de 1997 à 2002. «Pendant toutes ces années, la France avait un excédent extérieur compris entre 20 et 30 milliards d’euros. Depuis 2003, le solde extérieur n’a cessé de fondre pour se transformer en un déficit croissant à partir de 2005, atteignant plus de 40 milliards en 2009.»

4. «La France est le pays qui taxe le plus les hauts revenus.» Faux à nouveau. Grâce aux niches fiscales et à la faible taxation des revenus du capital, le taux effectif d'imposition des plus riches est très loin du taux marginal de 40% : «Il est de 25% pour les 1.000 plus hauts revenus et tombe à moins de 20% pour les 10 plus hauts revenus», note le député. Et le taux d'imposition de Mme Bettencourt est estimé à 20%. Pas plus.

5. «La France est le pays qui taxe le plus les entreprises.» Toujours faux. «Là encore, en raison des niches fiscales (comme la niche Copé qui a couté 20,5 milliards d’euros à l’Etat en 2008-2009), le taux d’imposition réel de sociétés est très éloigné du taux théorique de 33,3%. S’il est proche de 30% pour les PME de moins de 10 salariés, il tombe à 20% pour les entreprises de plus de 500 salariés et est inférieur à 13% pour les entreprises de plus de 2.000 salariés !»

6. «Le bouclier fiscal évite de verser plus de 50% de ce que l'on gagne à l'Etat.» Cet argument a été maintes fois démonté. «Des contribuables possédant des revenus et des patrimoines élevés et déclarant un revenu fiscal très faible grâce aux niches, arrivent à se faire rembourser presque tous leurs impôts», souligne M. Muet. Le bouclier fiscal protège le patrimoine et la rente, pas le travail.

7. «Il existait avant mon élection des contribuables qui payaient 100% d'impôt. C'est-à-dire qu'ils gagnaient 1.000, ils payaient 1.000.» Ce mensonge est l'un des meilleurs, le plus grossier, le plus énorme. Personne, en France, ne paye 100% d'impôt. Lundi soir, David Pujadas n'a même pas relevé. Faut-il rappeler que la tranche la plus élevée de l'impôt sur le revenu est de… 40% ? Et même en ajoutant la taxation des revenus de l'épargne et du patrimoine (moins imposés que le travail), on ne parvient pas à ce chiffre mirobolant.

[...] 9. «En 1997, les socialistes allemands ont supprimé l'impôt sur la fortune en Allemagne.» On appellera cela un mensonge par omission : Sarkozy oublie de préciser que les Allemands, socialistes ou pas, n'ont pas supprimé les droits de succession sur l'héritage. Surtout, Sarkozy attribue aux socialistes allemands la décision politique de supprimer leur ISF. Ce n'est pas tout à fait ça : après une décision de leur Cour constitutionnelle du 22 juin 1995, les Allemands ont renoncé à leur ISF. Mais cette décision a été invalidée par une autre décision de justice depuis.

10. «Le bouclier fiscal existe en Allemagne depuis plus de vingt ans.» Sarkozy récidive. Il n'y a pas de bouclier fiscal en Allemagne. Le président français, qui paraît-il use de Facebook, pourrait-il prendre la peine de regarder sur le Net à quel point cette récidive mensongère finit par amuser la galerie ?

11. «En 2008, les socialistes espagnols ont supprimé l'impôt sur la fortune en Espagne.» José-Luis Zapatero a rétabli une forte imposition sur le patrimoine depuis mars dernier, crise oblige.

12. «Il n'y a aucune raison que l'Etat s'impose une gestion rigoureuse et que les collectivités territoriales, notamment les régions, continuent une politique d'augmentation du nombre de fonctionnaires : 34.000 chaque année depuis 10 ans à compétence constante.» Ainsi Sarkozy voulait-il dénoncer l'inflation des budgets régionaux. Le socialiste Martin Malvy, porte-parole de l'Association des régions de France (ARF), lui a répondu : l'Etat a transféré 80.000 fonctionnaires aux régions ces dernières années.

13. Pour le défendre, Nicolas Sarkozy a qualifié le procureur de Nanterre de «juge». C'est faux. Il est procureur. C'est d'ailleurs toute la différence. Un procureur dépend du parquet, c'est-à-dire du ministère de la Justice. Un juge est indépendant.

14. Le taux de chômage en France serait de 9,5%, et non pas de 10%. C'est faux. Il faut être précis, comme l'a rappelé Nicolas Sarkozy à David Pujadas. Le taux de chômage en France (Outre-mer comprise) est de 9,9% selon l'Insee.

15. Au début de son intervention, Sarkozy cite le «rapport extrêmement fouillé de l'inspection des finances» au sujet de l'éventuelle intervention d'Eric Woerth dans l'examen de la situation fiscale de Mme Bettencourt. Le rapport n'est pas de l'IGF mais de la seule responsabilité de son directeur, comme ce dernier le rappelle en préambule. De surcroît, il ne contient que 12 pages, et multiplie les précautions d'usage à cause du faible délai imparti à l'enquête (10 jours).

[...] 19. Selon Nicolas Sarkozy, la prise en compte de la pénibilité dans sa réforme des retraites, serait «un droit nouveau». C'est faux. Le principe même des régimes spéciaux des cheminots, des mineurs, et d'un certain nombre de professions jugées physiquement éprouvantes était cette prise en compte de la pénibilité. Sarkozy, qui se félicite de les avoir abrogés (ce qui est également partiellement faux, mais c'est un autre sujet), devrait s'en souvenir...

20. Lundi soir, Sarkozy s'indignait aussi qu'on le soupçonne d'être allé chercher des enveloppes d'espèces chez le couple Bettencourt. Effectivement, certaines enveloppes étaient directement portées au siège de l'UMP, sur instruction du trésorier Eric Woerth. Mais cela, c'est la révélation du jour. Malgré ses efforts, le Sarkogate continue !

=> Lire tout l'article


Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Mercredi, 14 Juillet 2010 23:36 )