Des amendes pour les recruteurs qui ne répondent pas aux candidatures

Lundi, 29 Mars 2010 21:18
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En Belgique, une proposition de loi obligeant les entreprises à répondre par courrier à chaque demande d'emploi écrite qui leur parvient devrait être votée d'ici l'été.

Ça bouge chez nos voisins ! Alors qu'en France le gouvernement persiste à ne connaître que «les droits et les devoirs des demandeurs d'emploi» — ignorant ceux des employeurs qui les licencient, les discriminent et les ignorent —, en Belgique, où le système d'indemnisation du chômage est l'un des plus favorables d'Europe, un projet de loi prévoit d'infliger une amende de 500 € aux employeurs qui ne répondent pas aux sollicitations des chômeurs. Après avoir reçu l'approbation de la commission des Affaires Sociales de la Chambre, ce texte pourrait être appliqué dès l'été 2010. De quoi réparer une injustice.

Responsabilités partagées

Car, comme en France, les chômeurs belges doivent fournir des preuves de leur recherche d'emploi et constituer un dossier solide à présenter lors des convocations périodiques sous peine de sanctions. Or, «actuellement, à peine trois lettres sur dix donnent lieu à une réponse. C'est démotivant», justifie le député Hans Bonte, initiateur de la mesure qui va concerner toutes les formes de candidatures, qu'elles soient spontanées ou faisant suite à une annonce. «Il existe depuis longtemps un accord entre les partenaires sociaux pour qu'une réponse soit envoyée à chaque lettre. Mais il n'est en réalité pas appliqué», souligne M. Bonte qui estime qu'il faut, là aussi, user de sanctions afin que cet accord soit respecté. C'est une question de bon sens.

Pourquoi ne pas étendre ce principe chez nous ? Pourquoi nos employeurs, et surtout ceux qui bénéficient de généreux allègements de "charges", d'exonérations fiscales et autres réductions de cotisations, seraient exemptés de quelques «devoirs» ? Même l'utilisation d'une réponse-type par e-mail, qui prend deux minutes et ne coûte pas un sou, reste rare : entre le manque de temps ou le simple mépris, choisissez l'option la plus appropriée...

Le benchmarking au service de la justice sociale

Autre exemple dont la France devrait s'inspirer : celui de l'Allemagne où les sages de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe ont estimé, dans un jugement rendu le 9 février dernier, que le système d'allocations sociales aux plus démunis ("Hartz 4", instauré par le social-démocrate Gerhardt Schröder depuis 2005) «est incompatible avec l'Article 1, paragraphe 1 de la Loi fondamentale» qui garantit «le droit à une existence digne». «Les règles en vigueur [...] sont inconstitutionnelles», a déclaré le président de la Cour qui a condamné le gouvernement d'Angela Merkel à le repenser intégralement d'ici le 31 décembre 2010. Une vraie révolution !

Si l'on compare avec les minima sociaux pratiqués en France (ou ne serait-ce que notre Smic qui ne permet plus de vivre), on mesure à quel point nous ne valons pas mieux que nos partenaires allemands question constitutionnalité... Où sont passées nos belles valeurs républicaines alors qu'officiellement, 8 millions de nos concitoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté, et 20 millions sont touchés par le chômage et la précarité ?

Très en vogue chez les élites libérales qui nous gouvernent, la démarche du "benchmark" — ou comparaison, souvent mensongère, avec ce qui se passe ailleurs qu'en France — est utilisée à toutes les sauces afin de justifier le bien fondé de leurs choix, notamment les plus antisociaux. Il serait donc temps que le benchmarking change de braquet et favorise la justice sociale, non ?

SH

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Mis à jour ( Lundi, 19 Septembre 2011 00:40 )