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Quand le travail ne paie pas

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Parmi les dossiers sociaux du gouvernement, il en est un qui fera beaucoup moins de bruit que la réforme des régimes spéciaux de retraite ou le service minimum dans les transports : c'est celui de la pauvreté.

C'est que, à la différence des privilèges corporatistes, la cause des pauvres n'a pas de bruyants défenseurs ; en outre, la réforme lancée par Martin Hirsch, haut-commissaire aux Solidarités actives, procède délibérément par étapes, s'appuyant sur l'expérimentation et évitant sagement les effets d'annonce. On ne jugera donc qu'à la fin du quinquennat si la promesse de Nicolas Sarkozy - faire diminuer le nombre de pauvres de 30% en cinq ans - a été tenue.

En France, la pauvreté s'est imposée assez tard dans le débat politique. C'est un «risque» qui n'avait pas été pris en compte, dans les années d'après-guerre, par les concepteurs de la Sécurité sociale. Les dispositifs se sont construits par bribes - aide sociale, allocations diverses - jusqu'à la création du RMI en 1988. Plus récente encore - elle date à peine du début de la décennie - est la découverte de l'existence en France d'une catégorie de «travailleurs pauvres».

Jusque-là, la vulgate économique courante considérait que le tribut payé à la mondialisation et à la concurrence des pays à bas salaires prenait des formes différentes selon le degré de libéralisme des économies : en France, en raison du niveau du Smic, il se traduisait par un chômage élevé ; aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, par la masse des travailleurs pauvres. Il a fallu déchanter quand on s'est avisé que, chez nous aussi, cette catégorie était loin d'être marginale : selon Eurostat, la proportion de pauvres parmi les actifs en France (8%) est nettement plus forte qu'en Grande-Bretagne (6%) et dépasse même la moyenne européenne (7%). Un article remarquablement précis de Julien Damon, du Centre d'analyse stratégique dans le numéro de septembre de la revue «Futuribles», donne la mesure du phénomène. Si l'on prend la définition européenne de la pauvreté (revenus inférieurs à 60% du revenu médian du pays), le nombre de pauvres parmi les actifs est de l'ordre de 1,6 million (chiffre 2004) : il est près de deux fois supérieur à celui des «chômeurs pauvres» (de 800.000 à 900.000). Réalité encore plus déconcertante : 30% des SDF exercent une activité rémunérée.

Quand un mal jusqu'ici ignoré est révélé au grand jour, on le prend souvent pour une épidémie récente et galopante : on a ainsi longuement glosé sur «l'explosion de la pauvreté au travail». C'est faux : le nombre d'actifs pauvres a diminué de plus de 200.000 personnes depuis 1996, selon l'INSEE. Qu'il s'atténue ou reste stable, le phénomène reste massif et particulièrement choquant à un moment où on ne parle, à droite comme à gauche, que de «revaloriser le travail». La tâche de Martin Hirsch n'est donc pas seulement d'encourager la sortie du chômage en aplanissant les obstacles à la reprise d'emploi. Elle est aussi de faire en sorte que, pour une catégorie beaucoup plus vaste de la population, «le travail paie».

(Source : Les Echos)

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