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Japon : des jeunes précarisés qui vivent dans la misère

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Dans un dossier sur le Japon, l'excellent Courrier International s'est penché sur la jeunesse nippone dont les conditions de vie sont de plus en plus déplorables et qui oscille entre culpabilité, désespoir et colère.

En janvier 2007, un garçon de 20 ans a été arrêté pour n'avoir pas payé ses consommations dans un café manga [lieu ouvert 24h/24, où les clients peuvent venir lire des mangas et surfer sur Internet], où il avait passé trois jours. Il avait en tout et pour tout 15 yens [10 centimes d'euro] en poche. Il était entré dans l'établissement pour se protéger du froid et n'avait mangé en trois jours qu'un plat du jour et une assiette de frites. L'employé d'un autre café manga m'a raconté qu'une fois un client était resté une semaine et que, pendant ce temps, il n'avait rien consommé en dehors de quelques boissons. Craignant qu'il ne meure de faim, l'employé avait prévenu la police pour qu'il soit placé sous la protection des autorités.

Dans un Japon censé connaître la plus longue période de prospérité depuis la dernière guerre, comment expliquer ce genre de situation ? Cette réalité nous fait comprendre que, pour de nombreux jeunes, ce pays est devenu un champ de bataille où ceux-ci essaient tant bien que mal de survivre dans la misère et la précarité.

La longue période de récession a détruit le fondement même du travail. Au cours de la dernière décennie, de nombreux jeunes qui n'ont pas trouvé d'emploi stable sont devenus freeters [néologisme forgé à partir de l'anglais free et de l'allemand Arbeiter, désignant une personne vivant de petits boulots], étiquette dont ils ont le plus grand mal à se défaire. Il faut savoir que seulement 1,6% des entreprises souhaitent recruter des freeters. Même ceux qui ont la chance de décrocher un emploi régulier se retrouvent dans des entreprises où l'on considère comme normal que le travail de dix personnes soit effectué par seulement trois et où le nombre de morts par excès de travail [karoshi], suicides et troubles mentaux provoqués par le surmenage n'est pas près de diminuer. Quant à ceux qui, attirés par un salaire horaire de plus de 1.000 yens [6 €], travaillent en tant qu'intérimaires dans l'industrie, il ne leur reste guère plus d'une centaine de milliers de yens une fois qu'ils ont payé leur loyer et leurs factures de chauffage ou d'électricité.

Quel que soit leur statut - salarié régulier, intérimaire ou freeter -, les jeunes ne peuvent plus vivre en toute stabilité. Dans le même temps, ceux qui n'ont pas d'emploi, à l'instar des neet [Not in education, employment or training] ou des hikikomori [jeunes qui se replient sur eux-mêmes et vivent en reclus], se voient accablés de reproches. Pourtant, en les accusant d'être des enfants gâtés ou des fainéants, leurs aînés font preuve d'une grande ignorance à leur égard. Il est évident que, si la vie des jeunes est devenue aujourd'hui à ce point précaire, cela n'a rien à voir avec un problème psychologique personnel ou avec leur volonté, mais cela est dû au désir malsain des entreprises, qui veulent continuer à profiter d'une main-d'œuvre jetable qui leur permet de rester compétitives à l'échelle internationale.

Travailler toujours plus pour vivre comme tout le monde

Toutefois, la colère de ces jeunes ne prend pas pour cible la société. Envoûtés par l'expression "Chacun est responsable de son sort" [à la mode depuis quelques années], ils reportent la faute sur eux-mêmes - et se punissent en s'automutilant, ou en mettant fin à leur vie. Depuis 2002, la première cause de décès des jeunes âgés de 20 à 39 ans est le suicide. N'est-ce pas la preuve que la société ne cesse de leur envoyer le message : "Bons à rien, disparaissez au plus vite" ? Dans ces conditions, comment ces jeunes peuvent-ils reprendre ce qui leur a été volé, le simple droit d'exister sans condition préalable ?

Une des réponses réside dans les activités du groupe Grande Fronde des pauvres, soutenu par un grand nombre de jeunes défavorisés de la capitale, qui tente tous les jours de multiples expériences dans le quartier de Koenji. "Aujourd'hui, la société est devenue folle. La rémunération des petits boulots ne cesse de baisser et, de ce fait, il faut travailler toujours plus pour vivre comme tout le monde. Comme il y a pénurie de travail, les entreprises en profitent pour nous exploiter toujours davantage. [...] En y réfléchissant bien, notre situation est absurde : les jours ouvrables, nous sommes exploités pour des salaires de misère et, les jours de congé, la société de consommation engloutit notre argent. Bref, nous, les bons à rien, ne sommes-nous pas condamnés à la paupérisation ? [...] Dans cette situation, il ne nous reste plus qu'à entreprendre la grande fronde des pauvres, à faire voler en éclats cette vie normale qui nous voit obéir à la société.

(Source : L'intello du dessous)

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Mis à jour ( Lundi, 16 Juillet 2007 16:55 )  

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