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Chômeurs : une multiplication de situations dramatiques

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Extrait de "POUVOIR D'ACHAT DANS LE VAR, TÉMOINS À CHARGE", un dossier paru dans le journal La Marseillaise du jeudi 7 septembre 2006.

Dans le Var aussi, le pouvoir d'achat se dégrade. Témoignages et analyses locaux, loin des fausses affirmations du gouvernement.

Réduit à peau de chagrin, le pouvoir d'achat des privés d'emploi tend à les enfermer durablement dans la précarité. Les indemnisations qu'ils perçoivent, quand ils en perçoivent, ne permettent pas toujours de chercher du travail. La CGT-Chômeurs lance une campagne : "Un salaire pour rechercher du boulot".

La communication de chiffres, pourcentages ou autres statistiques est désormais mensuelle : le chômage est en baisse, affirme le gouvernement. Pour Daniel Piève, de la CGT-Chômeurs, il ne s'agit ni plus ni moins que "d'un effet d'annonce". "Pour commencer, les chiffres en question ne concernent que les chômeurs de la catégorie 1, autrement dit les personnes qui cherchent un emploi à temps plein et disponibles immédiatement. Même si c'est la catégorie la plus importante, c'est très restrictif", explique-t-il. Ce qui, selon lui, s'apparente à "une manipulation des chiffres" ne s'arrête pas là : "Il est évident que l'explosion des radiations, sous des prétextes divers, a une incidence énorme".
On est donc, à son sens, bien loin de la réalité et "cela ne signifie pas que la situation de l'emploi se soit améliorée". Il en veut pour preuve les chiffres suivants : "Au 30 novembre 2005, l'ANPE comptait 48.233 inscrits pour les zones Toulon/La Seyne/Ouest-Var. Au premier décembre suivant, 1.558 emplois étaient disponibles et 1.921 au 1er janvier 2006. La disproportion entre le volume d'inscrits et les offres d'emplois est un indicateur incontournable.
Le montant moyen des indemnisations chômage n'est guère plus reluisant : il s'élève en moyenne à 800 €, mais une grande majorité ne peut prétendre qu'à 400 ou 500 € mensuels. "Nous assistons à une multiplication de situations sociales dramatiques", poursuit Daniel Piève. A titre d'exemple, encore un chiffre, en matière de logement : "Le Var comptabilise 1.000 expulsions par an, avec recours aux forces de l'ordre".

"Ou je remplis le frigo, ou je cherche du boulot"

Faute de moyens, la recherche d'emploi devient un parcours du combattant. Quotidiens de petites annonces, reproduction de CV, timbres, tenue vestimentaire, transport, etc, tout cela a un coût (environ 414,50 € selon la CGT-Chômeurs) qui, ajouté aux frais du quotidien, est trop élevé pour les bourses de chômeurs. "Tous les mois, un chômeur se pose la même question : Ou je remplis le frigo, ou je cherche du boulot", indique le syndicat qui, face à ce constat, lance une campagne nationale, relayée dans l'agglomération toulonnaise : "Un salaire pour rechercher du boulot". Il réclame, en outre, "l'indemnisation des 18-25 ans et l'augmentation immédiate de toutes les allocations chômage de 300 €". Daniel Piève plaide également pour une prise de conscience de l'ensemble des salariés : "Lorsqu'on attaque les chômeurs, on attaque par la même occasion tout le monde salarié. Car plus il y a de chômeurs, plus l'emploi stable est menacé".

430 € PAR MOIS POUR VIVRE

La vie professionnelle de Victorine *, secrétaire de 45 ans, a toujours été ponctuée de périodes de chômage. Mais d'une situation précaire, sa vie s'est récemment transformée en enfer. L'allocation de solidarité spécifique (ASS) est censée lui assurer 14,25 € quotidiens, soit tout juste 430 € mensuels : "Pour donner un ordre d'idées, le forfait hospitalier journalier est de 16 €", précise-t-elle. Sauf que, depuis le 1er juillet, elle ne perçoit plus aucun revenu car son employeur, avec qui elle est en conflit, ne la paie plus. "Je suis en maladie depuis le 20 juillet, mais comme il refuse de remplir les papiers nécessaires, la Sécurité sociale ne me verse rien non plus", poursuit-elle.

"On est maintenu dans cette situation"

Comment fait-on pour vivre avec 430 € par mois ? "On doit faire preuve d'ingéniosité", répond-elle. "Dans un premier temps, on règle les factures. Il reste alors 20 ou 30 €. Soit on ne mange pas, soit on ne fait qu'un repas par jour". Mais le pire est, selon Victorine, que "l'on ne peut plus s'en sortir. On est maintenu dans cette situation. La précarité engendre tout un tas de problèmes dans la recherche d'emploi. On rencontre d'immenses difficultés pour conserver sa voiture ou garder une image présentable. Il y a, en plus, un processus de culpabilisation : on considère les chômeurs de longue durée comme des losers".
Autant dire que Victorine est pour le moins sceptique quant à une éventuelle hausse du pouvoir d'achat : "C'est, à mon avis, absolument faux. On est plutôt dans la survie". Elle poursuit : "Les politiques sont tous à côté de la plaque. Avec leurs chiffres et statistiques qu'ils regardent d'en haut, ils n'ont pas conscience de la réalité. Il faut croire qu'ils se servent du chômage. Prenez, par exemple, les contrats d'avenir payés 700 € pour 26 heures par semaine. Ce n'est pas sérieux, comment voulez-vous vivre ? S'ils voulaient réellement faire quelque chose, ils proposeraient, au moins, un salaire équivalent à un temps plein".

RADIÉE POUR PANNE DE VOITURE

Agée de 44 ans, Christine a toujours travaillé. Jusqu'en décembre dernier : elle exerce alors un emploi de chef d'équipe dans une société de nettoyage. Or, elle est déclarée inapte par la médecine du travail, en raison de soucis de santé. Ne pouvant prétendre à un poste de reclassement, elle est licenciée. "Si vous saviez comme je regrette que la médecine du travail se soit prononcée pour l'inaptitude…", affirme-t-elle aujourd'hui.
Convoquée avant l'été par l'ANPE pour le suivi mensuel des chômeurs prévu dans le plan Borloo, elle ne peut honorer le rendez-vous à cause d'une panne de voiture. "J'ai immédiatement téléphoné à l'ANPE où l'on m'a répondu qu'il n'y avait pas de problème, qu'une autre convocation me parviendrait", explique-t-elle. Pas de problème ? Trois jours plus tard, un courrier arrive en effet, qui lui signifie qu'elle est radiée pour deux mois. Ses démarches écrites et orales pour expliquer sa situation resteront vaines. Vivant seule avec un enfant de 2 ans et demi, elle n'a plus perçu aucun revenu : "Mes parents m'ont aidé mais là ils ne peuvent plus".

"Je jongle, j'économise sur tout"

Aujourd'hui réinscrite sur les fichiers ANPE, ses indemnisations chômage s'élèvent à 852 €. La moitié part dans le remboursement de crédits. Pour le reste : "Je jongle, j'économise sur tout : la nourriture, sur l'essence, je réutilise l'eau du bain de mon fils pour me laver. La facture de la réparation de la voiture est de 900 €, si je n'avais pas été radiée, j'aurais pu m'arranger, mais là, je ne sais pas comment je vais faire. Et pour chercher un autre emploi sans voiture… C'est un cercle vicieux", déclare-t-elle. D'autant que ses entretiens à l'ANPE sont loin d'être fructueux : "On vous convoque, on vous demande : Qu'est-ce que vous avez cherché ? On n'a rien sur l'ordinateur à vous proposer, alors merci et au revoir".
Et lorsqu'elle entend le satisfecit gouvernemental, "la haine me monte", lâche Christine. "Ce que l'on m'a fait, on l'a très certainement fait à d'autres. Dans la mesure où ils radient tout le monde, il peut être en baisse le chômage. C'est aberrant. C'est pourtant un droit, on a tout de même cotisé", conclut-elle.


NDLR : * Victorine est membre de notre association APNÉE. Embauchée en CI-RMA (Revenu Minimu d'activité, contrat d'insertion professionnelle étendu à l'ASS et vanté par Gérard Larcher) par un employeur champion des malversations et autres fausses factures, qui pratique notamment le travail non déclaré sur ses autres salariés tout en étant payé par l'Etat et le Conseil général du Var pour que Victorine "se réinsère" à grands coups d'heures sup' non payées : elle a signalé les agissements de ce "bouffeur de primes" - comme les appelle Fabienne Brutus - à l'ANPE, l'Inspection du Travail, la DDTE, la Direction des impôts et a même saisi le Procureur de la République... qui tardent, hélas, à réagir pendant qu'elle est obligée de vivre sur ses maigres réserves.

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