Le 22 juillet, Patrick a reçu - comme beaucoup d'entre nous cet été grâce à la pression de M. de Villepin, ses "100 jours" obligent… - un questionnaire de l'ANPE à retourner avant le 12 août. Questionnaire bidon - actualisation semestrielle de son PAP "Projet Action Personnalisé" -, auquel il a répondu avec franchise : "Non, avec 400 euros par mois je ne peux pas chercher sérieusement du travail, et tout ce à quoi je peux prétendre sont des emplois au Smic qui, au lieu d'améliorer mon existence, la dégraderaient." Preuves à l'appui : Patrick sait très bien combien il faut pour vivre et ne pas dépendre de l'Assedic et de la CAF, redevenir un citoyen indépendant et digne : 1.300 euros nets. En dessous, c'est travailler à perte, et Martin Hirsch, président d'Emmaüs, l'a récemment très bien expliqué : pour les minima sociaux, reprendre un emploi fait perdre de l'argent et s'il faut "revaloriser" le travail, de véritables mesures sont à prendre.
Tout le monde sait que 1.300 euros, c'est plutôt le salaire brut qu'on propose aux "moutons à cinq pattes" dénichés dans la masse (Bac+4, bilingues, à la fois jeunes et très expérimentés) : l'offre étant inférieure à la demande, l'emploi devenu une denrée rarissime, tous les coups sont permis.
Pourtant, malgré les annonces gouvernementales pour pallier à cet état de fait, l'offensive sur les minima sociaux a donc commencé : ce sont ceux qui sont les plus affaiblis qui vont pâtir du nouveau décret. 422.000 bénéficiaires de l'ASS sont dans la ligne de mire, et s'ils sont jusqu'à présent passés entre les mailles du filet, celui-ci va se resserrer : c'est tellement plus simple de radier des gens qui ont à peine de quoi vivre ! Patrick habite dans un village isolé, pour se déplacer il doit utiliser un véhicule - qu'il est obligé de faire rouler en toute illégalité, n'ayant plus les moyens de payer le contrôle technique. Chaque déplacement coûte, et que faut-il choisir entre manger et envoyer des CV sans réponses ?
L'ANPE villepinienne n'en a que faire : par un courrier du 23 août, elle lui signifie qu'il ne s'est pas présenté à sa convocation avant le 12 août (alors que c'était la date limite pour renvoyer le questionnaire, et non pour un entretien !), et qu'il a jusqu'au 5 septembre pour s'expliquer, et qu'il a le droit (comme au tribunal) de se faire accompagner. Patrick a donc contacté l'ANPE, sans succès : les personnes méprisantes qu'il a eues au téléphone lui ont suggéré d'envoyer des recommandés... En vain. La sentence est tombée : on lui coupe les vivres et il restera sans aucune ressources, officiellement jusqu'au 1er novembre. Pour l'exemple.
DERNIÈRE MINUTE => suite à ses démarches auprès de la DDTE, Patrick a été rétabli dans ses droits… jusqu'au prochain contrôle !
Articles les plus récents :
- 26/10/2005 18:18 - Négociations Unedic : la CGT propose une sur-cotisation du travail précaire
- 23/10/2005 19:34 - Nouveauté livre : le "Remonteur de moral"
- 20/10/2005 20:26 - Mouvements de chômeurs : «Bonjour tristesse !»
- 19/10/2005 00:55 - Une mobilisation syndicale sans suite
- 14/10/2005 15:46 - Manifestation pour le droit au logement demain à Paris
Articles les plus anciens :
- 25/03/2005 14:05 - 7 chômeurs portent plainte pour discrimination à l’embauche
- 30/01/2005 18:00 - Cantines de Vaires sur Marne : épilogue d'une affaire dévoilée par Actuchomage