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Constitution européenne : Les chômeurs seront les arbitres !

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L'histoire va-t-elle se répéter le 29 mai prochain ? Cette histoire qui, l'année dernière, s'était soldée par la débâcle de la droite aux élections régionales.

En mars 2004, il y a un an, toutes les régions de France (exceptées l’Alsace et la Corse) basculaient «à gauche». Pour expliquer ce sursaut «miraculeux», François Hollande se hasarda alors à évoquer la reconquête d’un électorat qui, deux ans auparavant, infligea une cuisante déconvenue à Lionel Jospin. Mais rares furent les commentateurs politiques à prendre la mesure du phénomène plus profond qui orienta le résultat des scrutins régionaux. Les 800.000 Recalculés et leurs proches furent les artisans de cette victoire qui, loin d’être l’expression d’un soutien inconditionnel aux partis de la gauche plurielle, fut surtout celle d’un «front du refus» face aux mesures antisociales du gouvernement («recalculs» des droits Assédic et ASS, RMA…).

Les Recalculés ont pesé lourd sur les élections régionales

Quand les scrutins se jouent à 49/51% ou à 48/52%, quelques milliers de voix font la différence, notamment celles de droite qui finalement s’abstiennent, voire s’expriment pour l’opposition dans une attitude de défiance. Car chez les Recalculés (ces chômeurs qui ont vu leur durée d’allocations amputée de 7 à 14 mois de façon rétroactive et autoritaire), toutes les composantes électorales étaient représentées.
Nous autres, animateurs du site issus de cette «bataille», nous avons pu mesurer à quel point ce mouvement a réuni des chômeurs de toutes tendances.
Lors des événements de l’année dernière, et notamment à l’occasion des procédures juridiques engagées contre l’Unedic et les Assédic, quelques «Recalculés» UMP (certes peu nombreux mais bien présents) participèrent aux actions d’AC! Agir ensemble contre le chômage, un collectif militant engagé franchement à gauche. Des centristes bon teint furent tout aussi scandalisés par ce «recalcul» scélérat des droits à l’assurance-chômage. Et ne parlons pas de tous ceux qui votent à gauche depuis des années par conviction politique ou philosophique.

Fédérer les chômeurs et précaires au-delà des clivages

Reconnaissons à François Fillon, au Medef, à la CFDT, à la CGC… et aux autres partenaires sociaux de l’Unedic (exceptés FO et la CGT qui se sont opposés au «recalcul») une performance historique. Ils ont réussi l’impensable : fédérer des chômeurs au delà des clivages politiques. Et c’est cette fédération de consciences parfois opposées qui nous a conduit à créer l’association APNÉE – Alternatives Pour une Nouvelles Économie de l’Emploi – qui préside aux destinées du site
Actuchomage.
Allons-nous assister à un phénomène comparable à l’occasion du référendum sur le Traité de Constitution européenne ? Nous le pensons !
Car le gouvernement et les partenaires sociaux, y compris FO et la CGT, n’ont pas retenu la leçon de 2004. Chômeurs, précaires et intermittents du travail, qui se comptent par millions, pèseront d’autant plus lourdement sur tous les scrutins à venir qu’ils se sentent abandonnés par toutes les instances «représentatives» ! Et sur ce référendum, la logique devrait être respectée : l’unité «virtuelle» mais bien réelle des intermittents et exclus du travail ne peut que s'engager en faveur du «NON». Petite démonstration :

Les Seniors au chômage exprimeront leur ressentiment

Pour quel «camp» vont voter ces centaines de milliers de Français de plus de 50 ans, électeurs traditionnels de droite (lorsqu’ils étaient en activité), cadres, agents de maîtrise, salariés, aujourd’hui exclus du travail ? Pour quel camp votera cette nouvelle catégorie que nous surnommerons ces électeurs «dupés» par des dirigeants qu’ils ont portés au pouvoir et qui mènent une politique qui va à l’encontre de leurs besoins vitaux et de leurs convictions profondes ?

Ces chômeurs de droite de plus de 50 ans, ces Seniors comme on les appelle, n’ont rien à gagner d’un vote positif au référendum. L’Europe de demain ne fera que les exclure un peu plus, en diluant leurs revendications et leurs aspirations au respect et à la dignité. Et, pour avoir lu attentivement les messages qu’ils nous adressent, on peut vous assurer que ces chômeurs sont aussi «remontés» (plus même) que leurs «homologues» de gauche. Il y a fort à parier qu’ils exprimeront à l’occasion de ce référendum leur ressentiment à l’égard de ceux qui les ont trahis ou oubliés.

Borloo et Larcher se désintéressent des Seniors

Mais ne restons pas focalisés sur les seuls clivages politiques traditionnels. Une colère grandissante enfle chez les «enfants» du baby-boom des années 50/60. Ils sont très nombreux et, surtout ne l’oublions pas, ils votent sans doute plus que la moyenne !
Le peu de cas que l’on fait des Seniors contribue à l’émergence d’une conscience de classe qui dépasse les clivages politiques. De gauche ou de droite, les plus de 50 ans sont tous voués au même destin : on les ignore ! Et la pilule est d’autant plus amère à avaler pour les Seniors de droite, que les ministres de Jean-Pierre Raffarin ne se soucient guère de leur condition. Messieurs Borloo et Larcher, ministre de l’Emploi et ministre délégué aux Relations du travail, se réfugient derrière la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et l’égalité), nouvellement instituée, pour se désintéresser complètement de leur sort. «Qu’ils se débrouillent !», semblent-ils dire à l’unisson alors que 20% des annonces sont illégales, et que des milliers d’entreprises, de cabinets de recrutement et de médias bafouent ouvertement les articles du Code pénal et du Code du travail en diffusant des annonces d’embauche présentant des mentions d’âge restrictives et explicites.
Comment ces gens, attachés au «respect» des règles, pourraient-ils voter pour le «OUI» soutenu par ce gouvernement ?

Un bilan désastreux qui sera sanctionné le 29 mai

Et les autres, tous les autres chômeurs, précaires, intermittents du travail, ces millions Français fermement engagés à gauche depuis des lustres, quel bilan désastreux tirent-ils de ces 3 dernières années ? Celui que nous avons titré nous-mêmes : Chômeurs et précaires : On se moque de nous, on nous méprise !
Depuis un an, on ne relève pas une seule décision qui aille dans le bon sens, celui de la prise en considération de nos difficultés et de nos inquiétudes. Le plan Borloo ne conduira à rien d’autre qu’à l’échec, pas seulement à cause des mesures qu’il préconise, mais à cause d’une politique d’ensemble qui les rendra obsolètes quand elles seront opérationnelles, pour autant qu’elles le soient un jour. Les réponses aux problèmes qui se posent à la société française ne relèvent pas du bricolage : elles se trouvent dans un changement radical de gouvernance.

Un électrochoc salutaire pour changer de cap !

La France a besoin de se prendre une grande claque derrière les oreilles. L’establishment de droite comme de gauche et le patronat, version Medef, ont besoin d’un électrochoc salutaire pour revenir à des positions plus conformes à nos souhaits. Nous devons les forcer à arrêter de nous imposer la résignation comme seule perspective d’avenir. Nous voulons des actes et des engagements forts en faveur de la cohésion, de l’égalité des chances et de la fraternité ! Et qu’est-ce que ce Traité de Constitution apporte d’autre, pour nous, que la résignation à disparaître un peu plus dans le flot de l’élargissement européen. Ne conduit-il pas tout simplement à la «confiscation» de notre pouvoir à influer sur notre existence ?
Nous sommes las ! Nous le serons plus encore quand les décisions qui nous concernent ne viendront plus de l’Assemblée nationale ou du Gouvernement français. Nous le serons plus encore quand notre avenir sera dicté par un Gouvernement européen que nous contrôlerons de loin… de beaucoup trop loin. Car, contrairement à ce qu’affirment les partisans du «Oui», l’Europe ce n’est pas plus de démocratie, c’est une démocratie différente qui, par l’effet arithmétique de l’élargissement, réduit la latitude de chacun, tout simplement. Nous devons impérativement en prendre conscience !

Quelle Europe et quelle France voulons-nous ?

Souhaitons-nous vraiment avoir moins de poids que nous n’en avons déjà ? Chacune et chacun devra s'interroger avant de mettre le bulletin dans l’urne. La question n’est plus de savoir si l’Europe est utile – elle l’est et le sera sans doute plus à l’avenir – mais quelle Europe voulons-nous ? Une forteresse qui – c’est vrai – peut influer sur les grandes orientations économiques qui penchent aujourd’hui en faveur des intérêts de la toute-puissance états-unienne ? Mais est-ce vraiment la vocation première de l’Europe que de jouer le «contrepoids ultralibéral», pour autant qu’elle en aie l’étoffe et les moyens ? Sa vocation n’est-elle pas d’initier un vrai changement dans la conduite des affaires, en inscrivant ses actions à l’avant-garde politique et sociale ?
Et que voyons-nous apparaître ? La France prend-t-elle la voie de ce changement de cap ? La France de Raffarin, de Gaymard, de Seillière, des deux Sarkozy… est-elle un exemple à suivre pour présider aux destinées de l’Europe du XXIe siècle ? La France d’aujourd’hui illustre-t-elle l’idéal du monde que nous espérons léguer un jour à nos enfants et petits enfants ? La réponse est «NON», trois fois «NON !».

Changer un système qui conduit à toujours plus d’exclusions

Nous ne pouvons laisser ces gens-là, ces gens qui s’affichent en Une de Paris-Match, faire cette Europe qui ne nous ressemble pas. Et la victoire du «NON» sera alors notre victoire. Elle enverra dos à dos ceux qui nous gouvernent depuis trop longtemps, ceux qui se partagent un pouvoir qui les coupe inéluctablement de nos aspirations.
Nous ne sommes guère adeptes d’une lecture partisane de ce qui se passe actuellement. Nous ne relevons que les dysfonctionnements d’un système qui conduit à toujours plus l’exclusion : exclusion sociale des plus faibles – exclusion économique des masses salariées au profit de notre intégration forcée à l’ultralibéralisme – exclusion politique de toutes celles et tous ceux qui ne votent ni pour l’UMP ni pour l’UDF ni pour le PS ni pour le PC ni pour les Verts, soit au bas mot 25% de la population (sans compter les abstentionnistes) – exclusion de toutes celles et tous ceux qui, un temps, se sont engagés en politique mais qui ont vu leurs espoirs trahis par des mesures allant à l’encontre de leurs idéaux ; et ils sont nombreux à éprouver ce sentiment dans les rangs de l’UMP – chez les gaullistes notamment – et plus encore au PS.

Le vote des chômeurs, précaires et intermittents du travail va orienter le choix que fera la France le 29 mai 2005. Il est probable que ces populations lassées de devoir se battre au quotidien pour se faire entendre sanctionnent ceux qui se succèdent depuis des décennies à la tête du pays. Il ne s’agit pas d’un «front du refus» qui s’exprimerait alors par un vote protestataire populiste sans fondement et sans légitimité. Mais bien de notre volonté à changer le cours de l’Histoire !
Saisissons cette opportunité !

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